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Provins, histoire d'une petite ville perdue à la périphérie de la Brie et de la Champagne. | |||
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Premières mentions de la ville | |||
Provins au XIe s. | |||
Provins ville de foire | |||
Provins au XIVe s. | |||
Provins, petite ville oubliée depuis le XVe s. à nos jours | |||
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La première mention écrite de Provins date d'un capitulaire de Charlemagne, en 802 : deux envoyés de l'empereur, missi dominici, sont venus enquêtés dans la ville, un clerc, l'abbé de Saint-Denis Fardufle et un laïc, le Comte de Paris, Etienne. La cité de Provins était alors un chef-lieu de pagus, c'est-à-dire une ville ayant une fonction administrative de commandement sur un territoire, une fonction militaire aussi. On peut penser qu'il y avait peut être une petite enceinte fortifiée et/ou une petite garnison (?), et probablement une fonction économique, un lieu de marché. La présence de cimetières d'époque mérovingienne (un cimetière repéré en périphérie à Champbenoit, un autre à Sainte-Colombe) et la proximité de hauts lieux mérovingiens (abbaye de Preuilly notamment) et la situation de Provins entre Troyes, Reims et Paris tend à prouver que la ville ou un noyau urbain existait au moins depuis les Ve et VIe siècles. |
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L'empereur Charles le chauve ou Louis II, petit fils de Charlemagne envoie lui aussi ses missi dominici à Provins en 864. Une monnaie de cette époque, un denier d'argent, fut retrouvée avec la marque de fabrique du " Château de Provins " (" castris pruvinis "). Provins semblait donc être un lieu assez important pour le pouvoir, puisqu'on y envoyait des administrateurs (peut être aussi pour remettre de l'ordre dans une bourgade éloignée) et puisqu'on y battait monnaie (privilège royal ou comtal). C'était en tout cas un chef lieu (pagus) et un endroit fortifié ou stratégique (castrum). |
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Provins est bien mieux connue dans les documents écrits du Xe siècle, comme des ajouts au polyptyque (inventaire des biens) de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui mentionnent des Provinois qui travaillaient dans le domaine d'Esmans, près de Montereau. La plupart du temps, Provins est qualifiée de " castrum " ou " oppidum ", lieu fortifié (dans une charte d'introduction des moines des Montier-En-Celle près de Troyes dans l'Eglise St Ayoul au XIe siècle, dans une hagiographie (biographie sur la vie d'un saint) de saint Thibault, dans une lettre d'Abélard, un moment abbé du monastère du Paraclet entre Provins et Troyes (près de Nogent sur Seine). On parle des " murailles de Provins " dans un poème satirique à l'encontre d'Eudes I de Blois. |
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La qualification de lieu fortifié vient peut être de la position géographique de Provins. La ville initiale est née sur le lambeau du plateau de la Brie, en rebord, au-dessus de la confluence des vallées du Durteint et de la Voulzie, des affluents de la Seine. Ce promontoire rocheux est stratégiquement facile à défendre. C'est l'emplacement du Châtel, de la Ville Haute ou du " Bourg ". C'est la partie la plus ancienne de Provins. |
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Dans la Vallée, ou le Val, la confluence des rivières, Voulzie et Durteint, fait de ces lieux une vaste zone marécageuse parsemée " d'îlots ". Une petite activité a pu exister depuis l'époque mérovingienne mais c'est surtout à partir du XIe siècle que le Val s'est développé autour d'une petite communauté de moines bénédictins venant de l'abbaye de Montier-en-Celle, près de Troyes. Ce lieu, considéré comme une zone périphérique, un faubourg, " suburbium ", a vraiment pris de l'ampleur en 996 avec " l'invention " (la découverte et la reconnaissance par l'archevêque de Sens) des reliques d'un saint (probablement) dans une chapelle située en ville basse à l'emplacement de l'église Saint-Ayoul. Les ossements furent retrouvés dans un sarcophage mêlés à des plantes aromatiques fréquemment retrouvées dans les tombeaux de saints personnages : de l'encens et de la myrrhe. L'origine et le nom du saint ne sont pas vraiment connus. La tradition raconte qu'il s'agirait des reliques de Ayoul ou Aigulf, abbé des îles Lérins. En réalité rien ne permet pour l'instant de confirmer cette hypothèse médiévale. En tout cas, elle arrangeait bien l'archevêque de Sens et les autorités locales. Une église et une crypte en pierre fut d'abord construite, sous l'ordre de Sevin, métropolitain de Sens, suivie en 1048 de l'installation d'un prieuré bénédictin dépendant de Montier-en-Celle, suite à l'intervention de Thibaud I. Il reste des traces de cette église romane dans l'arrière du monument : il reste le transept et un clocher en semi abandon, avec les restes d'un cimetière médiéval proche, fouillés plusieurs fois ces dernières années par une équipe de Paris I. |
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Entre les deux " bourgs ", dans le marais, se trouvait une chapelle protégeant vraisemblablement le passage de la rivière Durteint. Cette " Chapelle du Pont " devient au XIIIe siècle l'église Sainte Croix, siège d'un autre prieuré bénédictin. |
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Le grand intérêt lié à la présence des reliques est la possibilité pour les moines d'organiser un pèlerinage régional, un petit marché en ce lieu et permettre à la petite communauté monastique de gagner un peu d'argent ou de biens, de se développer et de prospérer, … pour garantir le(ur) salut des Provinois. Les revenus du petit marché localisé devant le prieuré revenaient à l'archevêque de Sens, au Comte et au Prieuré. Entre 1089 et 1102, le comte donne la moitié de sa part, pour son salut, au Prieuré. Cet espace attirant de plus en plus les " foules ", les moines commencèrent aux XIe et XIIe siècles à assécher et défricher la zone des marais. A partir de la fin du XIe siècle ce marché deviendra une " feria " (dans les textes), une foire, un pôle d'échanges commerciaux importants (notifié dans des donations de revenus). Ce sera la " Marché Neuf ". Une foire importante ou peut-être encore un " gros marché " rassemblait pèlerins, marchands et clients en mai (attestée dans les textes au XIIe siècle) puis en septembre. |
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A l'opposé, le " Marché Vieux ", au Châtel, en Ville-Haute, existait depuis " l'Antiquité ". En réalité, on sait que le pôle religieux de Saint Quiriace existerait au moins depuis le début de la période carolingienne (VIII-IXe s.), sans qu'aucun texte ne puisse vraiment confirmer ces propos et sans véritable connaissance de ce saint " Quiriace ". Dans le premier quart du XIe siècle, entre 1019 et 1032, un prêtre, Athoenus, organise un chapitre de chanoine. St Quiriace devient une collégiale. Une foire se tenait alors aussi en Ville Haute, sur le " Chastel " (Châtel ou " castrum "). C'était une foire " froide ", à la saint Martin. Il y avait peut-être aussi une troisième foire en Mai aussi mais au Châtel, moins importante ( ?). |
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Ce qu'il est important de retenir est bien l'existence d'une ville ayant une assez forte activité économique au milieu du XIIe siècle autour de deux pôles religieux. On voit déjà dans cette ville la marque spirituelle et temporelle (monuments et revenus) de l'Eglise, séculière (archevêque) et régulière (abbaye de Montier-en-Celle) et la main du pouvoir temporel des Comtes de Vermandois puis de Champagne. Cette ville attirait dès le XIe siècle les convoitises des Seigneurs (Vermandois puis Blois-Champagne et Capétiens tout proches). |
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Au XIIe siècle, on pouvait trouver une " grosse tour comtale " montrant la puissance du prince, construite comme une prison, rebâtie sous Henri Le Libéral (celui qui " donne "), une résidence des comtes (" palais ") avec une chapelle et un petit chapitre de clercs, une collégiale toute proche, aux dimensions (sur les plans) d'une cathédrale en construction, Saint Quiriace, un prieuré bénédictin lieu de pèlerinage Saint Ayoul, de nombreuses chapelles, deux zones de marchés, des maisons de plus en plus nombreuses formaient de nouveaux bourgs en dehors de la petite enceinte de la grosse tour, repoussant la nécessité de défendre plus en arrière ce nouvel espace urbain, un hôpital, accueillant en majorité non pas les malades mais les hôtes, les voyageurs et les pèlerins. De nombreux bâtiments furent créés grâce aux largesses, calculées, des Comtes. Une " grande rue " reliait St Ayoul, Ste Croix, St Quiriace. Au XIIIe siècle, les ordres monastiques urbains s'installent en villes, les Jacobins, les Franciscains, les Cordelières. Les templiers installent jusqu'à 3 commanderies à Provins. Les pèlerins sont accueillis dans des maisons particulières frappées par la " conque ", le coquillage de St Jacques de Compostelle. |
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Un premier règlement de foire, écrit, est rédigé pour la foire de la saint Martin au Châtel, en 1137, à l'époque d'un des Comtes les plus habiles : Thibaud II. Ce règlement semble confirmer des pratiques (coutumes) anciennes et permet au Comte d'assurer son pouvoir de " police " et de s'assurer de revenus réguliers et croissants grâce aux tonlieux (taxe sur les étalages de marchandises et sur les ventes). Ce Comte " interventionniste " est à l'origine du " (sauf-)conduit " protégeant les marchands qui se rendaient dans les villes de foire champenoises. Il fut à l'origine de l'orientation des routes commerciales des marchands flamands vers la Champagne après de longues discussions avec les Comtes de Flandres et en intervenant sur les droits de péages des Seigneurs de ces routes. Les Italiens, " Lombards " ou les " Lorrains " - " Allemands " n'avaient plus qu'à venir rencontrer leurs homologues en Champagne à Provins, Troyes , Bar-Sur-Aube, Sézanne ou Lagny. Les Comtes Thibaud II et Henri Le Libéral cherchèrent à contrôler les itinéraires fluviaux (Seine, Marne) et surtout routiers (empierrement, fondations, souvent vouées à l'échec de villes neuves contrôlant les routes, nouveaux ponts, petites troupes circulant fréquemment et assurant la sécurité des marchands). Voir la charte de 1137 - celle de 1164 - celle de 1176. |
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Provins au XIIe siècle était alors la seconde ville des Comtes de Champagne et la seconde capitale des Comtes de Champagne. Le cœur du Comté se trouvait à Troyes. Cependant, Provins brillait au XIIe et au XIIIe siècle pour ses fonctions économiques : artisanales, marchandes et financières. Le denier de Provins avait une réputation de monnaie forte et sûre, à tel point qu'on la copiait en Italie (Rome). Une des spécialités de Provins, au " carrefour " des routes flamandes et lombardes était le change. De nombreux changeurs pratiquaient à Provins dans de nombreux lieux, dont le plus connu, la " Croix aux Changes " sur la Place du Châtel. Des familles provinoises feront fortune grâce à ces activités de courtage. |
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L'autre spécialité de Provins est la fabrication et la commercialisation du drap. Le symbole monétaire de la ville, le denier de Provins, avait pour emblème le peigne à laine. Cette production " industrielle " était très parcellisée et " décentralisée ". La tonte des moutons, le lavage, le triage, le battage, l'arçonnage, l'ensimage, le peignage, voire le cardage, le filage au fuseau, à la quenouille voire au rouet, et plus rarement le tissage étaient surtout réalisés dans l'espace rural, auprès des paysans qui ramenaient ensuite leur produits en ville. Il s'agissait surtout d'un travail féminin. Le tissage nécessitait cependant un matériel coûteux et précis, un métier, localisé dans des " chambres ". Ces " chambres " semblent avoir été des pièces de maisons de la ville, sous les toits, vraisemblablement en ville basse, au plus près des autres activités. On foulait, lainait puis tondait (ou retonte) la laine puis on fixait la teinture des draps après des bains dans la rivière " Durteint ". Quand les remparts ont ceint la Ville Haute et la Ville Basse au XIIIe siècle, de nombreux espaces de prés et de jardins furent inclus dans cette enceinte. Il y avait peut être une volonté de prendre en compte une progression future de l'espace urbain, mais l'atout majeur était de protéger ces espaces importants pour la production du drap. Les " prés ", ou les longues bandes de terres incultes, étaient utilisés pour étendre et laisser sécher les draps dans ces " tiroirs à draps " ou " osches ". Une rue de Provins en Ville Basse porte un nom proche : la rue des Prés aux Clercs. Provins fourmillait d'une grande activité artisanale : tanneurs, mégissiers, peaussiers, parcheminiers, corroyeurs, foulons, cordonniers, bouchers, fripiers, " épiciers ". Ces activités sont encore parfois inscrites dans la toponymie urbaine. |
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En période de foire la petite ville voyait semble-t-il sa population initiale de 10/12 000 habitants doubler. A voir l'encombrement actuel de la ville au moment des " fêtes médiévales " en juin on peux penser qu'il ne pouvait y avoir plus de 30 à 40 000 personnes au grand maximum en période de foire, même si les lieux de foire étaient semble-t-il plus étendus qu'actuellement. En temps de foire, les marchands, leur entourage et leurs biens demandaient de grands espaces de stockage. Certaines " nations " avaient des maisons à Provins servant de logement, d'étale, de " boutique " et de lieu de stockage, tel " l'hôtel des toulousains " nommé actuellement " la Grande aux dîmes ". Cette maison de foire était louée par les marchands. Ces vastes locaux permettaient d'entreposer la production pendant une courte durée, de recevoir les clients et de traiter des affaires. L'étage servait de logement. |
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Il faut distinguer ces " maison de foire ", dont l'usage est lié aux conditions du " commerce international " aux maisons de petits commerces, qui s'alignent le long de la rue et qui s'ouvrent sur des petites loges ou " échoppes " avec des étales portant des produits de faible valeur. |
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De nombreuses salles basses existent en Ville Haute (environ 150), le long des axes de circulation, servant de lieu de stockage, voire de couchage éventuel (très rare semble-t-il). Ces salles dites basses, car à moitié enterrées (un " jour donnant sur la rue ") sont souvent accessibles par de larges escaliers pentus. Ces salles sont souvent voûtées, et parfois décorées, sculptées. Des spécialistes pensent que leur fonction première était d'être des magasins-entrepôts temporaires pour conserver tels un " coffre-fort " des marchandises fragiles comme des draps, mises ainsi à l'abri du feu et de l'humidité excessive. Il y avait très peu de ces salles en ville basse (moins d'une dizaine), en particulier à cause du sol marécageux. La majorité des bâtiments du Val étaient, et sont encore, construits sur des pilotis. La récente restauration (sauvetage ?!) partielle de l'église Ste Croix en fut la preuve : de " pilotis " en béton furent coulés à la place des vieux " pilotis " en bois. Il suffit de creuser un peu, comme ce fut le cas pour la construction de plusieurs résidences du centre ville lors d'opérations de rénovation urbaine pour faire jaillir, littéralement, l'eau des marais. Les salles basses ne semblent pas avoir eu comme vocation d'être des lieux d'artisanat. Des transactions marchandes importantes pouvaient avoir lieu dans ces salles. Mais on peut aussi penser qu'elles n'étaient pas toutes utilisées durant l'année entière mais seulement lors des périodes de foire. |
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La majorité des maisons de Provins datant du XIIe-XIIIe siècle seraient des maisons dites " polyvalentes " : ce sont des logis, des lieux d'échanges et/ou d'activité artisanale. |
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Lien vers les souterrains de Provins |
Les salles basses ont souvent aussi un lien vers " l'intérieur ", vers des couloirs souterrains. Ces galeries souterraines parcourent la ville haute et la limite avec la Ville-Basse (côte St Thibault). Les plus anciens souterrains dateraient du XIe siècle voire d'une période antérieure, selon certains graffitis retrouvés par le CREPS (Centre de Recherche et d'Etude du Provins Souterrain). Leur première fonction aurait été un usage de refuge. Les réseaux sont parfois denses et indépendants, formant des " îlots " de réseaux souterrains. Des puits d'aération relient la surface. Des galeries ont servi de " carrières " aux artisans comme les foulons qui avaient besoin de terre pour dégraisser la laine. Il existe aussi des " carrières " de craie. Au XIIIe siècle, de nouvelles galeries mieux " finies " (parois lissées au peigne) ont pu servir de magasins, d'entrepôts secondaires dans des " culots " ou des alvéoles. Des encoches peuvent laisser penser qu'il y avait des " portes ". Cependant, la température régulière de 11°C et l'humidité importante impliquait la présence de produits résistants. Durant les derniers siècles, des particuliers ont stocké leurs bouteilles et inscrits dans les murs les millésimes. Du Brie de Provins (fromage) a été affiné dans ces " caves ". |
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Cependant, ces souterrains furent aussi des lieux de rencontre discrets, voire secrets, de tout temps. Des symboles païens, des graffitis maçonniques, des textes pontificaux du XIVe et XVe siècles rappellent que ce lieux furent utilisés pour des réunions de tout genre. L'importante collection d'objets maçonniques du musée du Provinois dans la " Maison Romane " prouve le rôle actif des loges à Provins dans le passé, lointain ou proche. |
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La fin du XIIIe siècle vit le déclin de la ville de foires internationales et de la ville comtale. Le mariage de la comtesse Jeanne de Navarre avec Philippe IV le Bel fit rentrer le Comté de Champagne dans le domaine royal. A partir de 1314, la persécution des Templiers contribua à la disparition des 3 commanderies templières de Provins. Le XIVe siècle, siècle " noir " de crises, famines, peste, rapines et guerres poussa encore plus le déclin économique. Les marchands n'avaient plus de privilèges et donc d'intérêt pour Provins, et la Champagne. Les routes maritimes semblaient plus sûres et plus économiques avec les nouveaux moyens de transports (gouvernail …) Le ralentissement de l'activité, les prix trop élevés poussèrent même un maire de la Commune Libre de Provins, Guillaume Pentecôte, à demander aux artisans et ouvriers de travailler plus longtemps pour le même " salaire ". Une révolte urbaine s'en suivit en 1279, sévèrement réprimée, poussant de nombreux tisserands à quitter la ville. |
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Provins redevint la petite ville de 5 à 10 000 habitants (voire moins au XIVe siècle), tranquille. Durant la Guerre de Cent Ans (1337-1451/3), les Provinois désormais sans appui d'un Comte doivent dépenser beaucoup pour détruire certains " faubourgs " et consolider les fortifications (terrassement, travaux de charpente, réparations de murs). IL y eu des incursions anglaises dans les campagnes champenoises vers 1358. En 1417, le traité de Troyes fait passer la ville aux mains des maîtres d'une partie du royaume, les Bourguignons puis aux Anglais. Montereau est proche et Jean Sans Peur vient d'être assassiné sur le pont enjambant la Seine et l'Yonne. Jeanne d'Arc et le jeune Charles (VII) firent un très bref passage pour dormir et prier en 1429 dans l'église St Quiriace. Cette église n'était pas terminée, et ne le sera jamais. Un mur ferme la nef. Un clocher unique, haut et fragile attendait d'être relié à cette dernière. Mais ce n'était plus l'époque des libéralités. Ce clocher s'écroulera plus tard. Une croix est dressée à son emplacement. La toiture brûle au XVIIe siècle (1662). On utilise alors les techniques de l'époque : un dôme est installé. Cette église gothique est vraiment la preuve qu'un monument est composite et évolutif. |
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Les capitaines anglais prirent la ville assez facilement plusieurs fois. Les remparts sont peut être massifs, les tours de plan circulaire, rectangulaire, polygonal se succèdent, les fossés sont profonds, l'éperon rocheux de la Ville-Haute est difficile à prendre, pourtant il y a peut d'hommes pour défendre cette ville. Peut de troupes, et souvent inexpérimentées : des villageois venant de 20 km à la ronde réquisitionnés en cas de problème. Cette enceinte a coûté cher : les impôts spéciaux sont lourds. En 1432, la Ville est pillée par le capitaine anglais Thomas Guérard. Petit à petit les fortifications deviennent inutiles avec l'usage du canon qui remplace les " engins " de guerre stockés dans des granges derrières des tours à la toponymie actuelle parlante (" Tour aux Engins ", " Grange aux Engins ", " Trou au Chat "). Provins ne connaît pas de " beau XVIe siècle ". La ville est ruinée, dépeuplée, elle subie les crises rurales, le froid qui glace le vin dans les tonneaux (1544), la sécheresse jusqu'en octobre (1548). Le prêtre rural Claude Haton a consigné de nombreux faits similaires dans ses mémoires. Les guerres de religion frappent durement les campagnes par le passage de troupes, pendant que des fermiers commencent à regrouper les terres à leur profit et à construire des fermes parfois fortifiées. |
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La ville ne comprendrait plus que 5000 habitants du XVe au XVIIIe siècle. Seuls quelques moments exceptionnels rythment la vie des Provinois, la venue d'un archevêque cardinal, la fondation d'un Collège, des restaurations, des réparations de monuments symboliques d'un passé glorieux. Le rythme est surtout celui des " travaux et des jours ", des saisons et des périodes noires d'inondations fréquentes en ville basse, de " grands froids " ou de " sécheresses ". |
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Les XVIIIe et XIXe siècle virent des transformations urbaines en Ville Basse avec la destruction des remparts, le terrassement des " allées d'Aligre " pour canaliser les eaux de la ville et amenuiser les risques d'inondation (voir les hauteurs d'eau en Ville Basse près de l'église Ste Croix). Provins suivait de loin les bouleversements politiques révolutionnaires du XIXe siècle. Des projets de désenclavement, de voies navigables ou de voie ferrée furent des échecs. Provins demeure à l'écart des grands axes de circulation. |
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Le XIXe siècle romantique et l'attirance des " ruines " fit un temps renaître Provins. Au XVIIIe siècle et au XIXe, des peintres, tels Turner sont restés un temps dans la ville. Lelorgne de Savigny zoologiste et botaniste accompagna Bonaparte en Egypte et ramena ses planches dans la ville. Le poète Hégésippe Moreau, Balzac (Pierrette), Proust (Jean Santeuil) ont séjourné de temps à autre dans la ville et évoquent Provins. Jules Verne venait fréquemment visiter ses tantes. Provins était une petite rurale briarde au milieu des champs de blé et de ses " ruines " encombrées par les végétaux. Une petite ville " thermale " aussi. |
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Une nouvelle spécialité industrielle se fit jour avec l'extraction de l'argile, jusqu'à nos jours. |
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Du 25/03/1918 au 01/12/, le grand quartier général (G.Q.G.) de l'Armée française était à Provins avec 450 officiers de l'état major dont Pétain qui reçut la médaille militaire et son bâton de maréchal de France des mains du président Raymond Poincaré, devant le Président du Conseil Georges Clemenceau, du Maréchal Foch et du Général Pershing. Le " château de Saint Ayoul " deviendra 25 ans plus tard la Kommandantur des officiers allemands en 1940 |
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La ville fut libérée le 27/08/1944 par les forces américaines du Général Patton après un duel d'artillerie, détruisant de nombreux bâtiments de la Ville Basse et même en Ville Haute. |
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La Ville souffre de son enclavement durant les " Vingt Glorieuses " (et non " Trente !"). Il y a peu d'activité industrielle ou de services. Le premier employeur est l'hôpital de la ville ! La ville se fait connaître dans les années 1980 par un attentat contre le maire et ancien ministre Alain Peyrefitte, un employé municipal est mort. |
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Une politique volontariste de développement de l'économie locale autour du tourisme, de réhabilitation, d'embellissement (illuminations, fleurissement), de formation de personnels, d'animation (fête médiévale, son et lumière thématique, spectacles divers à thème médiéval) et de publicité permettent à la ville de s'appuyer sur son passé glorieux. La ville vient d'être classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, grâce aux efforts de l'ancienne municipalité et d'un travail de longue haleine entrepris par des associations, réutilisés politiquement par le Président de la République Jacques Chirac et par son ami, ministre et " ancien " maire de Provins C. Jacob. |
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Cependant, il faut veiller à regarder avec ces yeux ces pierres qui nous parlent depuis ces siècles passés et pas forcément se laisser bercer par une vision harmonieuse, unique et bancale du Moyen Age visible à travers les défilés anachroniques et/ou irréels de la fête médiévale (vêtements, attitudes, artisans fabriquant des pyramides …, animations de rue intéressantes mais pas du tout médiévales). Mieux vaut visiter Provins un jour de semaine, tranquillement. Se garer en Ville Basse (gare, place du 29e Dragon, …) sur des places gratuites et remonter les rues à pied en flânant, plutôt que de partir de la " Maison des Visiteurs ", sise à l'ancien parking de Vilecran devant les remparts, en Ville Haute. Conseils de visite. |
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